L’argent fait le bonheur, paraît-il ! Tant et si bien que les coutumes se multiplient pour attirer richesse et prospérité dans les foyers. Éternelle figure de chance, de sécurité et de puissance, l’argent résonne bien au-delà d’un système d’échange. La pièce de monnaie, par sa valeur symbolique, s’immisce dans notre quotidien. N’avez-vous jamais joué quelques centimes à la belote ou parié à pile ou face ? Nombre de traditions utilisent une pièce de monnaie contre le mauvais œil : penny, dollar, franc, euro ou toute autre devise. Quelques exemples : en offrant un couteau, en célébrant la Chandeleur, à la construction d’un bâtiment ou dans le portefeuille, la piécette sert d’antidote à l’infortune. Les lames, pour leur part, connaissent une vraie histoire commune avec la monnaie. Découvrez les usages numismatiques en lisant ces quelques lignes, cela ne vous coûtera pas un sou.
Tradition de la pièce de monnaie contre un couteau : une coutume toujours d’actualité
Les origines de la tradition
Le couteau comme une belle lame représente le pouvoir et la puissance. Les Vikings y voient la confiance, les Japonais l’honneur. C’est pourquoi donner un couteau est un acte symbolique, une manière de transmettre ces fameux attributs à son destinataire.
À quel point ce geste engage-t-il celui ou celle qui offre le couteau ?
Au Moyen-âge notamment, les questions existentielles affluent :
- insinuer que le receveur manque de ces valeurs honorifiques et donc porter atteinte à sa réputation ;
- transmettre au point de perdre son propre pouvoir ;
- couper les liens d’amitié ou d’amour entre les personnes ;
- placer une arme entre les mains d’un innocent ;
- endosser la responsabilité des mises à mort futures avec ce couteau, etc.
Ces croyances se transforment en une réelle superstition.
Offrir un couteau porterait-il malheur ?
La pièce de monnaie : un échange symbolique, une tradition coutelière
La pièce de monnaie : métallique, solide et de valeur marchande équilibre le geste et ramène l’harmonie. Un sou, aussi modeste soit-il, lave le destinataire de tout soupçon quant à son honneur et sa réputation. L’échanger contre une pièce revient à acheter le couteau, remède imparable pour préserver la qualité de la relation entre donneur et receveur. Accepter une pièce déresponsabilise des risques inhérents au port de la lame.
Qu’en pensez-vous ?
Elizabeth II, elle-même, respectait cette coutume et donnait invariablement une pièce à qui lui offrait une lame.
La Chandeleur : une pièce de monnaie pour la prospérité
40 jours après Noël, les crêpes remplissent les assiettes. Festa Caldelarum, la fête des chandelles, origine du mot Chandeleur était une fête païenne célébrant le retour de la lumière (jours qui rallongent). La rondeur des crêpes symbolisait celle du soleil.
La tradition demande de lancer la première crêpe avec la poêle dans la main droite et un louis d’or dans la gauche. Malheur aux gauchers… Si elle retombe dans la poêle, la maison est assurée de prospérité. Pour ancrer cette richesse, on dépose la crêpe sur le dessus de l’armoire. Pas d’inquiétude, la chance vient tout autant avec 10 centimes d’Euro.
Pour les chrétiens, la Chandeleur clôt le cycle de la Nativité, après Noël et l’Épiphanie. Elle commémore la présentation du Christ au temple de Jérusalem et la purification de Marie. La tradition juive veut que les nouveaux-nés soient amenés au temple dans les 40 jours après leur naissance. Les croyants rapportaient chez eux un cierge allumé. Si la chandelle s’éteignait avant l’arrivée à la maison, c’était signe d’un mauvais œil.
Pose de la première pierre et pièce de monnaie : une tradition bretonne
En Bretagne, la pièce de monnaie symbolise l’âge de l’édifice
Le rituel de la pose de la première pierre d’un édifice remonte au Moyen-âge. Il représente la consécration des édifices religieux, une célébration liturgique de la fin du Xe siècle. La « pierre d’angle », la première pierre, acte de naissance symbolique de la construction, restait visible de l’extérieur. Pour la distinguer, on y gravait une inscription commémorative, l’ancêtre des plaques actuelles.
« Dans le Morbihan, les ouvriers pratiquaient autrefois un trou dans la première pierre et y posaient une pièce de monnaie frappée de l’année, puis tous, ainsi que le propriétaire, allaient donner un coup de marteau. Ensuite, l’un d’eux se mettait à genoux, récitait une petite prière pour demander à Dieu de protéger la nouvelle construction, puis, s’adressant à la pièce d’argent, il lui disait les mots suivants.
Quand cette maison tombera.
Dans la première pierre, on te trouvera.
Tu serviras à marquer
Combien de temps elle a duré.».
Paul Sébillot (1843-1918), ethnologue, folkloriste, écrivain et peintre français.
Légendes et curiosités des métiers
Les traditions diffèrent selon les cultures
À Namur, en Belgique, la coutume voulait que le propriétaire asperge la première pierre avec une branche de buis trempée dans l’eau bénite puis scellée dans le mur.
Dans les Balkans, on y emmurait une créature humaine (si, si, bien sûr…).
En Écosse, une tête de coq y était frappée jusqu’à ce que le sang y coule.
Enfin en Grèce, les maçons persuadés que le premier à passer devant le mur mourrait dans l’année y tuaient un agneau ou un coq noir pour conjurer le sort.
Finalement, mieux vaut construire en Bretagne…😉
Aujourd’hui, la tradition (de la pose uniquement, rassurez-vous) persiste. Les élus la généralisent à tous types de bâtiment (école, immeuble, bibliothèque, hôpital, etc.).
Une pièce dans un porte-monnaie : un geste multiculturel
Insérer une pièce de monnaie dans un portefeuille que l’on offre se retrouve dans diverses civilisations.
Les Chinois déposent une pièce pour assurer la richesse du destinataire. La valeur de la fortune dépend de celle de la pièce. Insérer de l’argent est une manière de leur souhaiter prospérité.
Les Européens interprètent cette notion de richesse différemment. Faire cadeau d’un porte-monnaie vide signifie que le receveur est pauvre.
Les Russes projettent la sécurité avec cette tradition. Pour eux, la pièce assure la capacité à subvenir aux petites dépenses quotidiennes.
Pour les Italiens, ce geste porte chance.
Aux États-Unis, il confère la stabilité financière. Money is money !
Dans le portefeuille ou au fond de la poche, nous vous recommandons très fortement de détenir une pièce le 1er janvier de chaque année. Les scientifiques l’affirment, la présence d’un sou garantit la prospérité de l’année. Autant tenter sa chance, non ? 😉
À défaut, remplacez-la par votre couteau de poche, cela fonctionne aussi.
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Quand la monnaie se fait couteau dans la tradition africaine
Les Mongo, peuple bantou d’Afrique centrale (Congo) réputé pour ses coutumes ancestrales, utilisent des couteaux comme monnaie d’échange. Plus que de simples outils de coupe, ces lames servent à défricher les forêts ou à chasser, mais aussi à acheter. Dès l’âge de fer, les Bantous les échangent aux Pygmées contre des services. Depuis l’Afrique ancienne, ces couteaux, comme d’autres objets forgés (barres, cloches, pointes de lance) restent des valeurs d’échange. Au XXe siècle,des prestations matrimoniales se paient encore contre des couteaux.
La lame en métal se prolonge d’un pommeau de bois entouré de cuir. Le peuple Konda payait en perles, en bétail, en noix de kola et aussi en couteaux. Ces monnaies primitives réglaient notamment les dots lors des mariages.
🗡 Qui a dit qu’un couteau coupait les liens d’amitié ou d’amour 😉?
🗡 Et vous, quel couteau offrirez-vous à votre promis·e 😉?
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Lames : des emblèmes récurrents en numismatique
Quand piles et faces s’arment de leurs plus belles lames, les pièces de monnaie arborent fièrement leurs épées ou couteaux.
🗡 1290 : Philippe le Bel, premier souverain à apparaître sur une pièce de monnaie, son épée dans la main droite.
🗡 Jean II le Bon (XIVe siècle) part au combat l’épée à la main. En effet, sceptre, main de justice et armes sont souvent gravés sur les pièces qui souhaitent offrir une représentation humaine du roi.
🗡 1791 : la pièce de 5 sols à l’épée en métal de cloche, surmontée d’un bonnet phrygien.
🗡 XIXè siècle : monnaie satirique de 10 centimes à l’effigie de Boulanger dont le cou est traversé par une épée.
🗡 2002 : 20 centimes d’euro avec un lion couronné portant épée. Cette pièce rare se vend 150 euros.
🗡 2018 : L’épée de vérité, modèle de la série télévisuelle Truth.
La pièce de monnaie, outre sa valeur marchande, porte de nombreux symboles : richesse éternelle, vie prospère, etc. Les gestes quotidiens prouvent son ancrage dans nos traditions culturelles.
Le pouvoir d’un simple sou, une piécette sonnante et trébuchante au fond de la poche dépasse la raison et le règlement d’une créance. Elle représente la confiance et l’amour du folklore.
Un acte que les cryptomonnaies ne sont pas prêtes d’égaler.
Et une pièce de monnaie sur un bracelet, alors ? Je découvre le bracelet Semeuses, orné d’authentiques pièces en argent frappées entre 1897 et 1920 et signées Oscar Roty.
Nos sources : Le peuple Bantou
Article rédigé par la plume affûtée de Christelle Lorant 🪶
FAQ – Résumé de l’article
Quel est le rôle symbolique de la pièce de monnaie dans les traditions contre le mauvais œil ?
La pièce de monnaie joue un rôle essentiel dans de nombreuses cultures, comme le talisman contre le mauvais œil. Son caractère métallique et son histoire chargée de symbolisme la rendent idéale pour repousser les énergies négatives.
Cette pratique ancienne, qui se manifeste par des gestes quotidiens comme placer une pièce dans les fondations d’un nouveau bâtiment ou lors de l’échange d’un couteau, montre comment le pouvoir de la monnaie transcende sa valeur marchande pour devenir un objet de protection et de bonne fortune.
Comment les pièces de collection émises par la Monnaie de Paris célèbrent-elles les traditions et l'histoire ?
La Monnaie de Paris émet des pièces de collection qui célèbrent les traditions et l’histoire, enrichissant ainsi le patrimoine numismatique. Ces pièces, en or ou en argent, sont frappées en édition limitée et sont très prisées par les collectionneurs pour leur valeur artistique et historique.
Elles peuvent commémorer des événements importants, des figures historiques, ou encore des symboles nationaux, reflétant ainsi les valeurs et la culture de la société à travers le temps.
Ces émissions sont disponibles à l’achat directement auprès de la Monnaie de Paris ou via des distributeurs agréés, avec la possibilité de livraison internationale pour atteindre un public mondial de passionnés.
Quelle est la signification historique de l'utilisation de pièces de monnaie dans les échanges de couteaux ?
Offrir un couteau est une pratique chargée de symboles de pouvoir et d’honneur, que l’on retrouve chez les Vikings comme représentant la confiance, et chez les Japonais comme un symbole d’honneur. Cependant, cette offrande peut aussi être vue comme maléfique sans le contre-don d’une pièce de monnaie.
La pièce, qui peut être une monnaie de collection ou un franc historique, agit comme un régulateur symbolique qui “achète” le couteau et neutralise les implications négatives de ce cadeau, préservant ainsi les valeurs de l’honneur et du respect mutuel.
En quoi consiste la tradition de la Chandeleur liée aux pièces de monnaie ?
La Chandeleur, célébrée 40 jours après Noël, est marquée par la tradition de cuire des crêpes avec une pièce de monnaie, soit un louis d’or ou soit une pièce de 2 euros, dans la main gauche.
Si la première crêpe est lancée avec succès et retombe dans la poêle, la tradition promet prospérité et richesse pour toute l’année.
Ce rituel numismatique s’ancre dans des croyances qui lient la forme ronde de la crêpe, symbolisant le soleil, à la richesse circulaire et continue que représente la monnaie.
Comment les pièces de monnaie sont-elles utilisées dans les rites de fondation de bâtiments ?
Dans certaines régions de Bretagne, lors de la cérémonie de la pose de la première pierre, une pièce de monnaie frappée dans l’année en cours est placée dans un creux de cette pierre.
Cette tradition, qui remonte au Moyen-âge, est destinée à insuffler longévité et protection divine à l’édifice. La pièce, une monnaie française moderne comme un euro ou une pièce de 2 euros, sert également de marqueur chronologique, capable de révéler l’âge du bâtiment si ce dernier venait à être démoli ou rénové.
Quelle est la portée culturelle de l'inclusion de pièces de monnaie dans les portefeuilles offerts en cadeau ?
L’insertion d’une pièce de monnaie dans un portefeuille neuf est une coutume présente dans plusieurs cultures, visant à assurer la prospérité du destinataire. Cette pièce peut varier en valeur ; elle peut être une pièce courante ou une pièce de collection spécifique.
En Europe, cette pratique est vue comme un souhait de sécurité financière et de bonne fortune.
Aux États-Unis, elle symbolise la stabilité financière, tandis qu’en Chine, elle est censée garantir la richesse continue. Ce geste est soutenu par une croyance profonde dans le pouvoir métaphorique et matériel de la monnaie.
Comment les pièces de monnaie illustrent-elles le lien entre le commerce et les rituels dans les cultures traditionnelles ?
Chez le peuple Mongo d’Afrique centrale, par exemple, les couteaux, utilisés comme monnaie d’échange, montrent comment les objets utilitaires peuvent aussi avoir une valeur monétaire.
Ces couteaux, échangés contre des services ou des biens comme les dots matrimoniaux, soulignent la fonction des pièces de monnaie non seulement comme moyen de transaction mais aussi comme objets de valeur rituelle.
Cette pratique illustre la polyvalence des monnaies anciennes dans les échanges et les traditions culturelles.
Quel rôle les pièces de monnaie jouent-elles dans la préservation de l'histoire et des traditions ?
Les pièces de monnaie ne sont pas seulement des instruments financiers ; elles sont des vecteurs de la culture et de l’histoire. Les monnaies de collection, frappées avec des effigies de figures historiques ou des événements marquants, comme les pièces commémoratives de 2 euros ou les louis d’or, servent à célébrer et conserver le patrimoine historique.
Elles permettent aux collectionneurs et amateurs passionnés de numismatique de posséder un morceau tangible de l’histoire et de la culture d’une nation, enrichissant leur compréhension et leur appréciation du passé.
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