Le jour se lève sur la campagne pour accueillir les caméras de France 2. Elles suivent tant bien que mal les 4×4 de l’atelier JHP, au travers des marais de Brière. Le plus enthousiaste ? Rio, bien sûr ! Ses 4 pattes lui donnent une énergie décuplée par rapport à ses collègues bipèdes.
Julie Darde, Laura Lequertier et Cédric Estève, les équipes de Laurent Delahousse, signent ce reportage sur nos Couteaux Morta que vous découvrirez sur France 2, le dimanche 12 septembre à 13 h 15 et 14h20,
Si les Français se racontent, le Morta, lui, se mérite. On tourne !
TROUVER LE MORTA | UNE EXPÉDITION MATINALE
Le Morta ? C’est ce bois que l’on ne trouve qu’en région briéronne. Le marais du parc naturel de Brière l’a jalousement enfermé pendant 5 000 ans avant que moi, Jean-Henri, artisan-coutelier aux ateliers JHP, ne vienne le déterrer. Les Shadoks, annonce la journaliste. Comme eux, nos couteliers pompent encore et toujours jusqu’à repérer un tronc de ce matériau si rare. Quand la sonde trouve une résistance et que « ça sonne sourd », ainsi que le précise Aymeric, c’est que le trésor n’est plus très loin.
DÉTERRER LE MORTA | DE QUEL DROIT ?
Si j’apprécie l’odeur de tourbe, Vimala, ma fidèle coutelière déclare modestement s’habituer, mais son petit sourire nous fait deviner une certaine ironie. Bref, notre joyeuse équipe s’adonne avec vigueur à ce sport local et pittoresque. Mais, au-delà de la senteur naturelle, notre journaliste s’inquiète d’une question bien plus terre à terre (et surtout, n’y voyez aucun jeu de mots). Ai-je le droit d’extraire ainsi le Morta ? Je la rassure aussitôt. Cette terre est privée et gérée par un syndic de copropriétaires qui a donné son autorisation pour l’exploitation de ce bois, avant que l’activité de l’atelier JHP ne débute.
LE MORTA SE MÉRITE
Au tour de la tronçonneuse de mettre la main à la pâte et de participer aux efforts collégiaux. En prélevant un échantillon, on juge illico la qualité du tronc. Noir, dense et compact, le voilà donc digne d’intégrer l’atelier de coutellerie.
Tandis que Rio joue avec la peinture du véhicule, les autres déchargent des troncs d’arbres du pick-up. Non pas du Morta, non ! 3 poteaux de châtaignier qui, avec une chaîne, forment un appareil de levage, une chèvre, plus précisément. Malheureusement, cela s’avère insuffisant et je dois plonger corps et âme, mais surtout corps, dans le terrain boueux. De mes bras, j’entoure le colosse juste assez pour passer la chaîne dessous et le soulever. Tâche difficile ! Et, pour cause, la pièce pèse près d’une tonne. Quelques élingues et litres de sueur plus tard, le tronc attend sagement à l’arrière du véhicule que son chauffeur daigne le transporter en lieu sûr.
« Avant, je menais une vie normale », confie Jean-Henri entre deux efforts.
Jadis, formateur commercial dans une grande entreprise, j’ai choisi de changer de vie il y a 10 ans pour me consacrer à mes deux passions : les couteaux et la Brière. Le Morta, à la croisée des deux, me sert de matière première pour la fabrication de couteaux haut de gamme. Cette passion, vieille de… de mon âge, en fait, me prend désormais mes journées et requiert une équipe de 6 personnes.
L’ATELIER JHP CONJUGUE L’AMOUR DES COUTEAUX, DU MORTA ET DU TRAVAIL BIEN FAIT
Voici donc comment ce fameux bois va prendre forme ou plutôt reprendre vie. Satisfait de ma trouvaille matinale, je contemple la culée, la partie basse du tronc (base de la bille de pied). Face à la qualité du morceau, je me réjouis d’en créer immédiatement un couteau qui va partir en expédition. Dans l’atelier sont fabriqués des couteaux de cuisine, de bricolage, « de ceux qui coupent », renchérit la journaliste.
Parmi d’autres modèles, si je suis décidé, je vous présente même ma plus précieuse pièce. Un authentique couteau indien, conçu avec un manche en plastique et une lame qui ne coupe pas, mon compagnon d’enfance. « Je l’avais avec moi, j’étais le plus fort du monde » !
Tandis que chacun y va de sa forge, de sa lime et de son savoir-faire, moi, je frappe le poinçon. Là, pas le droit à l’erreur. On ne peut pas revenir dessus. Cette délicate manœuvre achevée, le couteau peut prendre place dans l’étui et partir à la rencontre de son nouveau propriétaire.
Collection, transmission ou cadeau, le couteau, à l’instar d’une montre, reste un objet particulier. D’ailleurs, un client arrive. Il cherche un couteau à offrir à son petit-fils, récemment diplômé ingénieur. Je lui présente alors ma collection de couteaux, composée de ses 3 catégories de produits, à savoir, les chers, les très chers et dernière variété, hors de prix. Le visiteur tombe immédiatement sous le charme de la lame Damas. Monsieur, boucher-charcutier de métier, s’avoue très sensible à la beauté, la qualité, la valeur des outils de travail. Il espère que son petit-fils ne se séparera jamais de ce précieux objet. Comme lui, qui ne quitte jamais celui que sa mère lui a transmis, il y a 25 ans, à la mort de son père.
Bientôt, le deuxième épisode de cette saga exaltante ! Restez à l’écoute. C’est le dimanche à 13 h 15 sur France 2. Le rendez-vous est lancé !
Sinon, à l’occasion d’une balade en Brière, faites un détour par Saint-André-Des-Eaux pour visiter l’atelier d’où sont sortis plus de 4000 couteaux en 2020.