Mercredi 3 novembre 2021, alors que les téléspectateurs attendent un reportage sur le Pays de la Loire, c’est un éléphant mécanique au barrissement impressionnant qui les accueille. Ah ! Quelle surprise ! C’est aux machines de Nantes que commence le doux récit qui nous transporte dans le pays nantais. Le long de la Loire, il nous fait découvrir des trésors locaux. Parmi eux, le Morta, précieux tronc d’arbre qui deviendra un magnifique cadeau, nous promet Philippe Gougler. Faut pas rêver, entre Loire et Morta, l’émission nous emmène jusqu’aux fameux couteaux briérons de l’atelier JHP.
Philippe Gougler offre un couteau Morta à Loïc Peyron
Loïck Peyron, grand marin que l’on ne présente plus, est un enfant du pays. Rappelons juste ses 48 traversées de l’Atlantique dont 17 fois en solitaire. Natif de Loire-Atlantique donc, il navigue depuis 61 ans entre La Baule, le Pouliguen et ses nombreux périples. Ce soir-là, il lâche son windfoil (ou wingfoil) pour accompagner le journaliste de Faut pas Rêver dans ce joyeux voyage entre les trésors locaux, l’océan atlantique et la Terre de Brière.
Lors de leur balade à trottinette électrique parmi les marais salants de Guérande, Philippe lui parle du fameux Morta et de l’artisanat qui en découle. C’est avec beaucoup de plaisir qu’il accepte le couteau Morta offert par Philippe, à une condition cependant. Celle de lui donner une pièce de monnaie en échange afin de ne pas couper leur amitié, légende quand tu nous tiens… Légende ou astuce, car il fait, au passage, une très bonne affaire le remarque Philippe. Il vient d’acquérir un couteau Morta, issu de notre coutellerie JHP (pour Jean-Henri Pagnon), située à Saint-André-des-Eaux, en pleine Brière.
Extraction du Morta | Pas si simple
Harassante parfois décourageante, l’extraction est un dur labeur matinal vécu en équipe. À force de sondages, de sueur et de pugnacité, nos couteliers et coutelière cherchent des troncs. Des troncs de quoi ? De Morta ! De quoi ? De Morta. Depuis 5 000 ans, ces arbres, des chênes à l’origine, attendent dans la tourbe locale. Ils se minéralisent, se chargent de silice pour devenir ce bois noir, nervuré, d’une qualité exceptionnelle et d’une beauté égale.
Si les chevaux de Brière témoignent de la trouvaille du jour devant les caméras de télévision, c’est une chèvre qui nous aide à l’élévation du tronc. Non, nous ne sommes pas dans Animal Farm, mais bien en Brière. Pour les novices en matière de levage, la chèvre est un instrument formé de troncs (tiens décidément, nous restons en famille…) et d’une chaîne qui démultiplie la force humaine. Le tronc se situe à environ un mètre de profondeur. Et si ce n’est pas un chiffre impressionnant pour qui discute, c’est en revanche énorme quand il s’agit de creuser à la pelle et à la pioche pour aller chercher le trésor enfoui et convoité. Croyez-nous sur parole !
Je rappelle d’ailleurs, entre deux respirations difficiles qu’« un mètre, c’est TRÈS, TRÈS, TRÈS profond » .
Quatre heures de peine plus tard, le tronc, désormais à l’air libre, va subir l’inspection en vigueur pour obtenir le privilège ou pas de devenir couteau.
Honneur à Alexandre qui a trouvé le tronc, il gagne le droit de manipuler la chaîne et le remonter.
« C’est super gratifiant de le faire renaître avec nos couteaux », témoigne Alexandre
Un nouveau repos attend le Morta
J’en vérifie la densité et en juge le compact tout en confiant que « j’ai encore la candeur et l’émerveillement face à ce tronc. Il a passé 5 000 ans sous terre. C’est un immense privilège que de le transformer en objet de passion ».
15 troncs annuels sont nécessaires pour subvenir aux besoins de notre coutellerie. En voici déjà un. Avant de réintégrer l’atelier, nous effaçons les traces de notre passage pour laisser la Brière intacte. Nous ne sommes plus à un coup de pelle près, me direz-vous.
Il faudra 3 années de séchage avant que le Morta ne soit officiellement prêt à l’emploi. Seuls 20 % de la matière seront utilisables.
Jean-Henri, je suis briéron depuis 15 ans
Voilà 15 années que je mène ma vie de coutelier. Après avoir sévi comme formateur dans une filiale d’un grand groupe américain, j’ai rejoint la Brière avec ma famille. Propriétaire de mon terrain, j’ai donc accès à la matière première présente dans le sol. Cette particularité me vient, ainsi que tous les habitants locaux, de François II, duc de Bretagne qui a donné sa terre à ses vassaux en 1461.
Amoureux des couteaux depuis ma plus tendre enfance, j’ai immédiatement eu l’idée d’associer les deux lorsque j’ai découvert l’existence de ce bois briéron.
Quand le Morta devient couteau | La métamorphose finale
Dans ma cave à Morta, je choisis un tronc. Puis, je montre au journaliste, Philippe Gougler et aux téléspectateurs comment il est en train de se transformer en pierre. Veiné, riche, compact et dense sont les épithètes que j’utilise pour démontrer la magie de ce bois.
Ce que j’apprécie particulièrement, c’est l’idée de travailler un matériau « qui n’est pas né de la déforestation sauvage, qui n’a pas traversé la mer en paquebot, qui est issu des entrailles de la Brière, à 500 mètres de là. »
C’est décidé, la pièce de bois deviendra un pliant XL et Pierre, notre jeune apprenti, reçoit les instructions pour la découpe.
« J’avais entendu parler du Morta, mais n’avais jamais imaginé avoir la chance de le travailler de mes mains », nous confie-t-il. Couleurs et reliefs l’émerveillent encore.
Forger | Un plaisir enfantin et un rêve de gosse
« Aujourd’hui, on n’est plus obligé de forger. Si on le fait, c’est pour le plaisir de forger ou de posséder un objet forgé à la main ». Face à cette caméra de Faut pas Rêver, j’ai envie de rappeller la beauté de l’artisanat et du travail manuel.
Un travail d’équipe
Vimala fait le guillochage, comprenez dessine les lignes, Pierre détoure, je forge, Aymeric mate et Alexandre range dans le coffret et expédie. Que fait Rio ? Seuls les observateurs pourront répondre à cette question. Voilà donc une belle valeur, celle du travail d’équipe. C’est pour cela que le vendredi, nous nous réunissons parfois en plein cœur du marais, pour une cool décompression entre saucisson, pain et… couteau, bien sûr. Ainsi se termine le reportage de France 3 à l’image de toute rencontre entre copains. Mais, l’histoire ne s’arrête pas là. Si le reportage trouve sa place parmi les autres émissions déjà tournées sur place, l’aventure continue dans la boutique des Couteaux Morta.
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Et les bijoux, alors ?
Hélène, mon épouse, utilise les petits morceaux de Morta, dont la forme ne peut se soumettre à nos contraintes de couteliers pour fabriquer des bijoux. Une petite visite au pays de Morta Bijoux ?
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