Où sont fabriqués les Couteaux Morta ? Rendez-vous en territoire de Brière, berceau profond de ce bois en cours de fossilisation. Car Morta et Brière sont liés depuis toujours et à jamais par le sous-sol briéron. Depuis 5 000 ans, les mouvements alternant eau salée et eau douce se succèdent dans cette cuvette marécageuse. Les végétaux palustres forment la tourbe d’abord brune puis noire. Face à ces bouleversements géologiques, deux générations de chênes s’effondrent. Leurs troncs se réfugient dans la tourbe. Ils entament une longue aventure qui se termine en forme de manche de couteau. Brière et Morta, deux inséparables que l’atelier JHP rapproche encore davantage dans sa coutellerie. Passionnés de couteaux et fans de belles lames, voici l’épopée coutelière du morta, chêne des marais de Brière.
La fabrication des Couteaux Morta – Atelier JHP à Saint-André des Eaux
« Amateur de couteau depuis tout petit, je suis tombé amoureux du morta et de la Brière. J’ai donc allié mes deux passions en créant cette coutellerie ».
Les Couteaux Morta voient le jour quand je découvre la Brière et son bois unique, il y a plus de 10 ans de cela. Histoire que je partage avec les visiteurs de l’atelier JHP.
Chaque année, nous accueillons à Saint-André des Eaux, des milliers de fans de couteaux ou amateurs d’artisanat en général.
Vous aussi, venez donc dans notre belle Brière. Nous vous présenterons avec plaisir et bonne humeur les étapes de fabrication des couteaux Morta.
Quand les artisans parlent de couteaux et les couteliers d’artisanat, l’atelier JHP est tout près.
Après quelques blagues finement ciselées (quoique pas toujours 😅), nous échangerons sur :
🔪 le choix des meilleurs aciers pour les lames : Damas, brut de forge ou inox ;
🔪 les types de couteaux : pliants, fixes. Nous sommes particulièrement fiers d’un des derniers nés : le Morta Pompe arrière ;
🔪 leurs différents usages : de cuisine, d’office, de chef, de table, à pain, à huîtres ;
🔪 les systèmes de verrouillage ou de fermeture des couteaux de poche ;
🔪 les personnalisations proposées (fibre vulcanisée, mini incrustations d’ivoire de mammouth, messages écrits et pictogrammes d’art).
Les pictogrammes représentatifs de la Brière : l’extraction du morta, les 4 modèles de poissons, le gibier, l’ancre de bateau.
Étapes de fabrication des lames : de la forge au couteau artisanal haut de gamme
Lors de votre venue, vous découvrirez quelques univers mythiques du métier de coutelier. À commencer par la forge.
La forge, fascinante, déclenche une émotion particulière chez nos visiteurs (et aussi dans le cœur de chaque coutelier). Entre chaleur et bruits assourdissants, elle ne laisse personne indifférent.
La trempe. Viennent ensuite différentes phases de revenu de détente ou de normalisation. La trempe des lames procure une odeur bien spécifique qui flotte dans l’atelier, identifiable entre mille. Vous la sentez 😉?
Le traitement thermique participe aux performances de dureté de l’acier.
L’émouture affine la lame pour optimiser son affûtage.
La fabrication des manches en morta
En parallèle, les couteliers préparent la découpe du morta et le planage des carrelets ou des plaquettes.
Cette étape dépend des besoins.
Un couteau de chef ne nécessite pas la même quantité de morta qu’un Mini Morta massif 😉).
Passons à la préparation du manche du couteau. Il faut :
🔪 brosser les platines ;
🔪 les ajuster ;
🔪 guillocher le ressort.
Enfin, on sertit le tout à l’aide d’axes matés qui rigidifient l’ensemble.
Reste encore à sceller le morta sur le châssis métallique et façonner le manche au backstand. Plusieurs bandes sont nécessaires pour enlever beaucoup de matière au début du processus de fabrication puis des actions beaucoup plus douces finissent le travail une fois le manche formé.
Lorsque la lame est insérée, il faut polir. Là aussi, en utilisant plusieurs pâtes, sur différents disques pour obtenir le niveau de finition souhaité en fonction des modèles.
Nous vous parlerons aussi des procédés de découpe laser pour la fabrication des lames. Vous apprendrez aussi ce qui se cache derrière le travail du cuir utilisé pour les fourreaux, les étuis et les trousses de rangement qui protègent vos couteaux.
Découvrez nos couteaux avec notre équipe
Dans notre atelier, vous rencontrerez une joyeuse équipe d’artisans passionnés. Pas besoin de se prendre au sérieux pour travailler sérieusement, n’est-ce pas ? L’important est de transmettre notre amour des couteaux et des marais.
PS : nous ajoutons donc les picto en forme de cœur dans notre liste spéciale Brière 😉.
En Brière, comme dans toutes les régions françaises, nous souhaitons mettre à l’honneur notre savoir-faire et nos produits locaux. L’artisanat d’art est fragile face aux concurrences industrielles, parfois déloyales. Nous constatons fréquemment le plagiat du nom Morta. Nos meilleures armes de défense : l’excellence de notre produit et une communication sincère portée par des ambassadeurs convaincus (vous 💪!).
Nous ne priorisons pas la quantité et les économies d’échelle, nous protégeons le patrimoine culturel, dans le respect de l’environnement.
C’est pourquoi nous signons une convention avec la Commission syndicale de grande Brière Mottière pour l’extraction du morta. Celle-ci est rédigée en accord avec le parc naturel régional de Brière et les services de la biodiversité. Ainsi, la flore et la faune se développent en toute tranquillité. Une parfaite remise en état des lieux efface toutes traces d’extraction.
Bref, à Saint-André des Eaux, vous découvrirez les coulisses de la coutellerie, nos secrets (enfin presque) et nos galères (et elles sont nombreuses).
Où acheter un couteau en morta authentique ? Les 2 points de vente
Pour trouver un couteau Morta, c’est très simple. Deux boutiques s’offrent à vous.
🔪 Dans notre coutellerie : l’atelier JHP se trouve 96 rue de la Brière à Saint-André des Eaux (44117).
🔪 Sur notre boutique en ligne.
Ah si, un troisième choix, mais éphémère : vous rendre au Palais de L’Élysée entre le 25 et le 27 octobre 2024. Mais, êtes-vous vraiment disponibles ces jours-là ?
Où trouver du morta ? La Brière, berceau natal de la fabrication de ce chêne des marais unique
Selon les travaux d’Augustin Vince et de Lionel Visset, les quantités les plus importantes de morta se situent sur les communes et lieux dits suivants : La Chaussée Neuve, Bréca, Île de Fédrun, Saint-Joachim, Saint-André des Eaux et dans les marais de Donges.
Leur extraction est strictement réglementée. Non, désolé, vous ne rentrerez pas de vacances en Brière avec un morceau de morta dans votre valise. Avec un couteau Morta, ça oui, je vous le souhaite.
Les (laborieuses) méthodes d’extraction du Morta.
La géologie de la Brière est à l’origine de la fabrication du morta. La Brière est une cuvette née de la décomposition des végétaux, lente de 5 millénaires. Depuis 1965, les scientifiques, Augustin Vince et Lionel Visset notamment, expliquent la formation du marais. Ils affinent les travaux de M. Maître qui corrélait déjà, en 1890, la chute des chênes avec les vents et les inondations.
La création d’une tourbière unique où naîtra le morta
Les bouleversements du sol se suivent et créent une tourbe spécifique à la Brière.
Dans les années – 2 000, la tourbe brune remplace les vases bleues et noires présentes depuis l’époque du Boréal *. La tourbe brune se constitue de carex, de phragmites, de typhas et de rubaniers. À ce moment-là, l’eau salée domine. La rivière Le Brivet sert d’exutoire naturel aux flux des eaux.
Puis, à partir de – 1 600, l’eau douce remonte et favorise les roselières et autres plantes palustres** qui donnent naissance à la tourbe noire.
* La période du Boréal s’étend de – 9 000 à – 7 500 ans, pendant le Paléolithique et le Mésolithique
** Palustre : originaire d’une zone marécageuse.
Deux générations de chênaies fabriquent ce bois millénaire
Le morta provient de la chute successive de deux générations de chênes. La première se produit entre deux et trois millénaires avant notre ère. Les chênes s’enfoncent dans la tourbe brune.
Plus tard, environ 1 000 av. J.-C., de vastes étendues d’eaux saumâtres (amères et salées) redessinent le paysage de la Brière. La tourbe, noire cette fois, reprend son édification. Elle étouffe la seconde chênaie et la roselière se développe. Les arbres sont enfermés dans la terre alluviale.
La fabrication du morta commence. La silice explique sa couleur noire et la présence des deux tourbes, ses reflets caramel.
Augustin Vince, dans Notre Brière, rapporte les résultats d’analyses polliniques et de datations au carbone 14 effectuées dans les années 70. Elles révèlent que certains troncs sont contemporains des pyramides d’Égypte. Leur mort remonte à 4 300 ans. Ils sont donc nés à l’époque de la 3e dynastie des pharaons.
En 1985, le journal Presse Océan publie la découverte d’un tronc de 20 mètres de long à La Chapelle des Marais. Lionel Visset le déclare âgé de 4 720 ans.
Pierre Pellerin, dans Nature insolite en France – Le morta en Brière écrit que les chênes, sous le poids d’un mauvais sort, sont vaincus et couchés comme Le Dormeur du Val de Rimbaud.
Et voici, notre version de l’histoire (d’avis de coutelier)
Pourquoi ne trouve-t-on du morta qu’en Brière ?
Soyons précis ! On trouve du chêne des marais dans divers… marécages (qui l’eût cru 😝 ?). En revanche, on ne trouve du morta qu’en Brière.
Pourquoi ?
Car le terme « morta » appartient au patois briéron. Il apparaît d’ailleurs dans les glossaires des mots d’antan.
On parle de granit de Bretagne ou de sel de Guérande. Mais ce serait un pléonasme de parler de « morta de Brière ». Quant à l’expression « bois de Brière », elle convient à tout végétal poussé sur l’une des 22 communes briéronnes1.
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Source : association La Pierre Chaude
Source Le BT Journal
Déjà en 1923, Alphonse de Châteaubriant l’immortalise (si besoin était) dans son roman : La Brière. Au long de l’histoire, le morta s’impose comme un personnage à part entière, héros aux côtés d’Aoustin, le garde de la Brière. L’auteur évoque un amour impossible entre deux jeunes gens de Fédrun et de Mayun. Hello les Roméo et Juliette de Brière.
Pour les amateurs de légendes anciennes et de contes ancestraux, lisez donc Le Morta et le Corseau de Paul Burban, La pipe en morta, Notre-Dame de Blanche couronne, vous y découvrirez le morta comme jamais. La formation de la Brière y est expliquée de manière, disons plus… romanesque, voire magique.
Pour résumer sur la provenance des couteaux Morta
Vous l’aurez compris, tout couteau Morta qui ne provient pas de notre atelier de Saint-André des Eaux n’est tout simplement pas un couteau Morta. CQFD !
Internet regorge de sites qui vendent des couteaux avec un manche en bois. Certains sont même en chêne des marais. Certes, mais pas en morta. Les plus fréquents sont originaires d’Europe de l’Est : Lituanie ou Pologne.
Les couteaux Morta sont fabriqués dans leur atelier préféré : la coutellerie JHP. Achetez-les sur place ou par le e-commerce. Souvenez-vous seulement que n’est pas Morta qui veut ! Le plus simple : adressez-vous à la source, nous sommes là pour ça.
Nos sources
- Nature insolite en France – Le morta en Brière de Pierre Pellerin
- 8 000 ans en Brière de Lionel Visset, docteur ès-sciences, palynologue à l’Institut des sciences et de la nature et professeur d’écologie
- Notre Brière d’Augustin Vince, docteur en géographie
1 – Rappel des 22 communes de Brière
Assérac ; Besné ; La Chapelle des Marais ; Crossac ; Donges ; La Baule-Escoublac ; Guérande ; Herbignac ; Mesquer ; Missillac ; Montoir de Bretagne ; Pontchâteau ; Pornichet ; Prinquiau ; Saint-André-des-Eaux ; Saint-Joachim ; Saint-Lyphard ; Saint-Malo-de-Guersac ; Saint-Molf ; Saint-Nazaire ; Sainte-Reine de Bretagne ; Trignac.
Article rédigé par la plume affûtée de Christelle Lorant 🪶
Résumé de l’article
Où sont fabriqués les couteaux Morta ?
Les couteaux Morta sont fabriqués dans l’atelier JHP à Saint-André des Eaux, en Loire-Atlantique, au cœur de la Brière, une région emblématique pour ses marais.
L’atelier JHP utilise ce bois précieux pour créer des couteaux artisanaux haut de gamme, en associant savoir-faire traditionnel et respect de l’environnement.
Qu’est-ce que le morta et pourquoi est-il unique ?
Le morta est un bois en cours de fossilisation provenant de chênes enfouis dans la tourbe des marais de Brière depuis plusieurs millénaires. Ce processus de fossilisation a commencé il y a plus de 5 000 ans, lorsque des générations de chênes se sont effondrées dans les marais et ont été progressivement enveloppées par les tourbes noire et brune, leur conférant cette couleur et texture uniques.
Le morta se distingue par sa dureté et ses reflets noirs et caramel dus à la présence de silice.
Ce bois millénaire, symbole de l’histoire et du patrimoine local, est aujourd’hui utilisé pour fabriquer des manches de couteaux d’exception, faisant du morta un matériau à la fois rare et précieux, en raison de sa provenance exclusivement briéronne.
Quels types de couteaux sont fabriqués à l'atelier JHP ?
L’atelier JHP propose une large gamme de couteaux artisanaux en morta, allant des couteaux de poche pliants aux couteaux fixes pour la cuisine. Parmi les modèles phares, on retrouve le couteau Morta à pompe arrière, qui associe esthétique et praticité avec son mécanisme de verrouillage sophistiqué.
L’atelier propose également des couteaux de table et des couteaux d’office, fabriqués avec des lames en acier inox, Damas ou brut de forge.
Comment se déroule la fabrication d’un couteau en morta ?
La fabrication d’un couteau Morta est un processus artisanal qui débute par la forge de la lame, où l’acier est chauffé à haute température puis trempé pour lui conférer sa dureté et sa résistance. L’émouture affine ensuite la lame pour en optimiser l’affûtage.
Parallèlement, les artisans préparent le manche en morta, en découpant et ajustant soigneusement chaque pièce de bois.
Chaque étape, de la découpe à l’assemblage final, est réalisée avec précision et passion, garantissant que chaque couteau en morta est à la fois un objet d’art et un outil fonctionnel d’exception.
Pourquoi le morta n'est-il trouvé qu'en Brière ?
Le morta est un bois unique à la Brière en raison des conditions géologiques spécifiques de cette région. Ce terme “morta” vient du patois briéron et désigne ce bois de chêne en cours de fossilisation, ce qui en fait un matériau introuvable ailleurs.
Le processus de fossilisation a été favorisé par les mouvements alternant d’eau salée et douce dans les marais briérons, créant une tourbe qui a protégé et transformé ces troncs de chênes au fil des millénaires.
Bien que le chêne des marais puisse être trouvé dans d’autres zones humides, seul le bois provenant de Brière peut porter le nom de “morta”, en raison de cette histoire naturelle, linguistique et culturelle si particulière.
Comment préserver l’environnement lors de l’extraction du morta ?
L’extraction du morta est strictement réglementée pour préserver la biodiversité unique des marais de Brière. L’atelier JHP a signé un accord avec la Commission syndicale de la Grande Brière Mottière et le parc naturel régional de Brière pour s’assurer que l’extraction du bois respecte les écosystèmes locaux.
Chaque opération est réalisée avec soin, en veillant à une remise en état complète des lieux après l’extraction, afin de minimiser l’impact sur la faune et la flore.
Où peut-on acheter un couteau Morta authentique ?
Pour acheter un couteau Morta authentique, rendez-vous directement à l’atelier JHP, situé au 96 rue de la Brière à Saint-André des Eaux en Loire-Atlantique, ou sur la boutique en ligne de l’atelier.
Attention aux imitations : seul un couteau fabriqué dans l’atelier JHP, avec du bois de morta extrait en Brière, peut être considéré comme un véritable couteau Morta.