Couteau trappeur d'Erwan Balança

Erwan Balança, photographe spécialisé en nature et environnement, se passionne pour l’animalier. Ce qu’il aime, avant tout : passer du temps avec ses sujets, comme rester 3 mois en Alaska et capturer (en image bien sûr) les grizzlis. Dans son bivouac : sa tente, son couteau trappeur et le ciel étoilé. La maxime de St Exupéry « fais de ta vie un rêve, et de ton rêve une réalité », Erwan l’applique chaque jour. Son quotidien allie son amour pour la nature et pour la photographie. Capter l’instant de vie lui demande parfois des jours, des semaines. Peu importe ! Quand on aime, on ne compte pas. Aujourd’hui, il nous partage une expérience hors du commun, au cœur de la France : 700 km en canoë sur la Loire.

Une tente, un couteau trappeur, un canoë et c’est parti

Ce périple, Erwan l’a vécu en duo. Son ami Yves Fagniart, peintre aquarelliste, l’accompagne pour cette descente sur la Loire au départ de Roanne. Leur dernière aventure ensemble remontait à 15 ans alors qu’ils admiraient les renards polaires en Islande. Cette fois-ci, l’envie de cumuler un paysage français avec le plaisir de l’eau a porté leur choix sur le plus long fleuve de France.

700 km en canoë : une expédition de Roanne à Nantes 

Aventure tranquille ou parcours semé d’embûches ?

La descente de Roanne à Nantes en canoë aura duré un mois. Les 700 km indiqués par les cartes s’allongent au gré de la végétation et des portages. En effet, à chaque obstacle, Erwan et Yves accostent, déchargent le canoë et ses 150 kg de matériel, contournent la zone inaccessible, rechargent et reprennent leur navigation.

Mais, il y a pire. Au vieux pont à Orléans, l’orage a fait monter le niveau de l’eau. Erwan et Yves affrontent alors un retour d’eau. Total : le canoë coule. Seules les têtes de nos deux compères restent hors de l’eau pendant les 3/4 d’heure de dérive. Merci les bidons étanches et les cordes qui sauvent le matériel transporté.

Les soirées bivouac

Passées les péripéties quotidiennes du trappeur ligérien, arrivent les soirées sur les îles ou sur les berges. Monter le camp, profiter de la lumière crépusculaire pour photographier et dessiner, dénicher le bois pour allumer un bon feu de camp, tout cela laisse peu de temps au repos du guerrier.

La pêche et la cueillette déterminent le menu. Enfin, pas toujours, nous direz-vous. #trahiparlaphoto. 

balanca loire trappeur 46

Dès 5 heures du matin, les premiers rayons du soleil servent de réveil. Vers 8 heures, photos, peintures et esquisses cèdent la place au café chaud (dans une tasse Morta, of course😉). 

Puis pliage des tentes et duvets, nos globe-trotters rempilent pour 9 heures intenses de pagaie. En fin d’après-midi, ils s’enquièrent d’un endroit paisible pour la nuit suivante.

Le canoë Grumman en aluminium : une valeur sûre pour baroudeur averti

Pour ce périple, Erwan choisit un modèle légendaire américain des 70’s, de la marque Grumman. Ce canoë tient notamment la vedette dans le film mythique Délivrance. Erwan en possède deux dont l’un en bois. Face à la Loire, il préfère la solidité du modèle en aluminium. Admirez ses reflets !

Tout au long du voyage, Yves et lui scrutent les blocs de roche pour que la coque ne les heurte pas. « Un arbre, un caillou… tout peut aller très vite, il faut rester vigilant », nous confie Erwan même s’il est aguerri à la discipline qu’il pratique depuis toujours.  Il y a peu, il naviguait encore en Suède sur des lacs. Lire la rivière, apercevoir les dépressions est indispensable à la survie, tout au moins, à une journée sans avaries.

Les rebondissements de l’épopée d’Erwan Balança

Le pont d’Amboise : un moment épique

L’approche des ponts reste une manœuvre délicate à cause des passages hasardeux causés par la présence de roches. Or, même à 50 mètres et malgré la plus grande attention, la visibilité reste faible. La bonne pratique veut que l’on choisisse l’arche où il y a le plus d’eau et que l’on prenne un maximum de vitesse pour se diriger bien droit et dépasser la vitesse du courant. Sinon, ce dernier peut modifier la trajectoire du canoë.

À cet instant-là, Yves était la force motrice (situé à l’avant) et Erwan dirigeait depuis l’arrière.

« À l’arrivée du pont, j’ai aperçu de gros pieux en bois qui dépassaient d’un mètre et formaient une grille infranchissable. Clairement, on fonçait droit dessus, le canoë se serait à coup sûr abîmé. J’ai du pagayer pour aller taper près du tablier du pont. On s’est désespérément accrochés à des plantes à peine 30 mètres avant l’obstacle. On a eu la frousse de notre vie. »

Face à ce moment terrifiant, la coupure de Yves, un soir, avec une hachette revêt un air anecdotique 😂.

Les belles surprises

Natif d’Orléans, Erwan est coutumier des paysages de bord de Loire. Pourtant, il se laisse surprendre et émerveiller par les falaises rouges de Bourbon Lancy qui lui donnent le sentiment de voyager en Afrique. Les brumes matinales, pour leur part, prennent des allures magiques et ancestrales. Il reste sous le charme des espèces animalières aperçues malgré qu’ils se déplaçaient sans cesse : guêpiers d’Europe, castors, grues cendrées, cygne chanteur, hérons cendrés et pourprés. Les chants du rossignol et du Loriot, qui laissaient la place aux grenouilles pour les concertos du soir, résonnent encore dans sa tête.

S’il devait donner un conseil, Erwan recommanderait de toujours rester calme, de choisir un équipier de confiance, un minimum aguerri.

Pour Erwan, oser et s’émerveiller sont les deux seuls vrais prérequis à une telle aventure. Empocher son couteau trappeur Morta, ça, c’est notre conseil personnel 😉. Erwan assure que cette descente de la Loire reste à la portée de tous. Nul besoin de matériel de grande qualité, le plus important, c’est l’audace.

L’Allier sera peut-être la destination 2024. À suivre dans l’actu d’Erwan Balança.

⚠️ À ne pas manquer

Les éditions Delachaux et Niestlé préparent un livre sur la Loire dans lequel les deux compagnons apparaîtront : les photos d’Erwan, les dessins de Yves sur des textes de Catherine Levesque. Dans le cadre d’une émission prévue au printemps 2024, l’émission Des racines et des ailes les a rejoints ponctuellement, notamment au Mont Gerbier de Jonc où Erwan et Yves se sont rendus à pied pour étoffer leurs albums respectifs.