extraction Team 10

Le goût du café encore présent au palais, l’équipe JHP embarque sondes, pelles, chèvre et palan dans les 4×4 et prend la route du marais briéron. Ce lundi-là, la météo décide de les décourager. Trempés par la pluie, transis de froid par le vent, les couteliers s’acharnent malgré tout. Pourquoi ? Chacun à sa manière nous l’explique en quelques lignes. Les yeux pétillent lorsqu’ils racontent leurs exploits. Tantôt souriants tantôt émus, tous mélangent délicieusement la peine, le dépassement de soi, l’amour du bois, le Morta, et le plaisir d’une récompense arrachée au prix de pugnacité et ténacité. Où prennent-ils cette force mentale ? Tous s’accordent, sans se concerter, sur la cohésion d’équipe, l’entraide et le bonheur de travailler ensemble.

Jean-Henri : une journée d’extraction du Morta

extraction JHP 9 1
Extraction du Morta – Jean-Henri lutte contre le vent et la pluie

J’ai toujours rêvé de faire participer nos clients et visiteurs à nos expéditions d’extraction du Morta. Partager la sensation d’effort quand la sonde refuse de s’enfoncer dans le sol. Décrire la lassitude lorsqu’il faut recommencer tous les 30 cm. J’aimerais tant que les gens ressentent nos émotions ; la pelle qui bute contre une motte et nous contraint à redoubler la pression pour qu’enfin, elle accepte à contrecœur de s’enfoncer dans cette mélasse de tourbe, de terre et de racines.

Mais je voudrais aussi partager ce sentiment d’espoir lorsque le tronc de Morta se laisse apercevoir. La déception quand il s’obstine à ne pas sortir ou l’immense soulagement quand enfin, sous la traction du palan, il capitule.

Ce lundi, toutes ces sensations sont démultipliées en raison des conditions météo épouvantables. Elles nous ont contraints à travailler trempés jusqu’aux os, les mains gelées et le moral en berne. En fin de journée, lorsque la tâche est enfin accomplie, les sourires réapparaissent, comme par enchantement.

Maelle : ensemble dans la galère

C’est pourtant avec le sourire qu’elle raconte.

extraction Maelle 4 1
Extraction du Morta – Maelle va s’envoler

Cette journée d’extraction me restera. Récente dans l’équipe, je n’en ai vécu que 3 ou 4, mais celle-ci…

Lors de ces sorties dans les marais briérons, on retrouve la même ambiance joyeuse que celle qui habite l’atelier. Sauf que là, on partage la galère. Exercice physiquement très éprouvant, il me donne le sentiment de moins contribuer que mes collègues. Ils refusent que je parle comme ça. On a tous notre rôle, disent-ils, peu importe la taille de nos muscles. Je commence donc à creuser, difficilement. Mais lorsque ma pelle rencontre une résistance, je sens un déclic dans ma tête. Hors de question de la lâcher et de la céder à plus fort que moi. Il faut que j’aille au bout, coûte que coûte. Je me surpasse. Je retire les mottes, je creuse la tourbe encore et encore. Et enfin je le découvre. Il est là, couché à mes pieds. Modeste, il mesure 5 mètres environ. Une petite taille donc pour un tronc de Morta. Peu importe, il est bien là ! J’ai réussi !

Après, je pars aider les autres groupes. C’est ça, une journée d’extraction : jamais seul, on partage les difficultés, la pluie (parole de Finistérienne). Il faut le vivre pour le comprendre.

🔪🌳 Envie de vous parler de cohésion d’équipe, mais il y aussi tellement d’autres choses à dire.

Charlotte : on l’aura, coûte que coûte

Ses yeux brillent quand elle évoque ce lundi.

extraction Charlotte 4 1
Extraction du Morta – Charlotte ne lâche rien

Cette journée d’extraction ? Ah ! Le matin, on part motivé, on charge les 4×4, c’est sympa. Mais, très vite, le vent se lève, la pluie nous trempe jusqu’au plus profond de nous-même. Peu importe ! Nous sommes là pour batailler, chasser un trésor. En fait, le plus dur, c’est de sonder. Avec l’été caniculaire, la terre est tellement sèche… Mais, quand on sait qu’il est là, dessous, on oublie la douleur et on creuse, on bêche. La précision des gestes est primordiale pour tout reboucher et remettre en état. Aucune trace de notre passage ne doit rester. Question de respect de la nature. Impensable pour nous de détériorer le paysage.

Ce lundi-là, j’ai la chance de faire partie de l’équipe qui trouve le plus gros tronc. On termine à la main, on gratte la tourbe grasse et épaisse. À plat ventre dans la boue, on dégage le tronc pour pouvoir passer les sangles dessous. Et quand le palan soulève cet énorme Morta, on se dit : « ça, c’est fait ! ». Je suis briéronne, alors vous pensez ! Quelle fierté pour moi de travailler cette matière sur cette terre.

🔪🌳 Définir cette journée en 3 mots ? Cohésion d’équipe, Intensité, effort, et bonheur. En voilà 4, mais ça les vaut bien.

Alex : on n’est jamais dans l’inaction

En racontant, il vit son aventure.

extraction Alex 6 2
Extraction du Morta – Alex heureux dans l’effort

Une journée d’extraction, pour moi c’est du Team building. Portés par la motivation, on sort de l’atelier direction les marais de Brière. Ce jour-là, il pleut beaucoup. Ça ne rend pas vraiment le travail plus compliqué, mais beaucoup moins confortable. La tourbe est humide (nous aussi), elle accroche la pelle et l’alourdit.

Dès que la sonde heurte du solide, je comprends que la chance est au rendez-vous. Yes ! Un tronc de 12 mètres et quelque 50 cm de Ø m’attend. Je reste focus dessus toute la journée. Sinon, dès qu’on termine avec son tronc, on part aider les autres. Mais celui-ci nous prend du temps. La terre est dure, très dure. La pelle peine à s’enfoncer dans le sol. Mais quand on installe la chèvre et le palan, on sait que la fin est proche, qu’on a gagné la partie. Il nous aura fallu 3 bastaings pour en venir à bout de celui-là. Tant mieux, la récompense n’en est que plus belle.

En même temps, on commence à reboucher. C’est une sécurité au cas où l’envie lui prendrait de retomber dans le trou. C’est déjà arrivé, vous savez. Là, vous voyez des heures d’effort s’effondrer au fond du trou.

Dernière inquiétude : le 4×4 sera-t-il assez puissant pour extraire ce mastodonte ? Suspense ! Parfois, il suffit d’une excroissance pour nous compliquer la tâche.

🔪🌳 Une journée d’extraction renforce l’esprit d’équipe, booste la motivation et rend profondément heureux.

Antoine : notre fatigue témoigne de nos efforts

Les mots peinent à sortir et pourtant.

extraction Antoine 4 1
Extraction du Morta – Antoine lutte contre la fatigue

Sportive : voilà comment je qualifie une journée d’extraction. Ce lundi fut très dur. La météo féroce et changeante nous inflige des rafales de pluie et du vent froid. Par bonheur, les rayons de soleil reviennent en fin d’après-midi.

En fait, plus c’est dur, plus la fatigue est saine et plus je suis heureux. Car cet épuisement prouve mes efforts. Aller chercher la matière dans son milieu naturel a quelque chose d’authentique et de plaisant qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Pourquoi ? Car s’acharner à extirper le Morta de la terre nous apprend vraiment d’où il vient.

🔪🌳 Une telle journée, c’est l’esprit d’équipe, la satisfaction et la fierté vis-à-vis de soi-même. Pour un introverti comme moi, croyez-moi, c’est hyper agréable. Dur, mais agréable.

Manon : entre l’épreuve intense et le calme de la nature

L’amour du bois dans la voix.

extraction Manon 7 2
Extraction du Morta – Manon sourit malgré le vent et la pluie

Partir en extraction, c’est l’intensité de l’effort dans un lieu magnifique et calme. On cherche un truc qui sort de nulle part et pourtant il a une valeur incroyable. À chaque fois que la sonde nous indique la présence d’un tronc, je suis émue. Je crée une fenêtre, je creuse un trou et là, je découvre, à force de lutte et de douleur, les strates à l’intérieur de la terre. Et petit à petit, on a le visuel sur le Morta. On le perçoit dans toute sa splendeur. Ce jour-là, il est long et fin.

Pour être tout à fait honnête, une journée comme celle-ci est psychologiquement très dure, car physique et dans l’inconfort. On tient par le mental, par le moral de l’équipe.

Je suis ébéniste de base, alors bien sûr, je suis très sensible au bois. J’ai travaillé presque toutes les essences, mais celle-ci…

Le Morta est dense, ses fibres sont serrées, il offre de belles finitions et j’aime sentir son poids dans ma main. Ce bois est historique par sa valeur et par sa noblesse.

🔪🌳 Deux mots ? Allez : moralement éprouvant, mais profondément satisfaisant (ça fait 4, ou ça compte pour deux ? 🤔)

Aymeric : on en chie avec la sonde

Le ton enjoué témoigne de son plaisir et de sa fierté.

extraction Aymeric 8 1
Extraction du Morta – Aymeric n’en peut plus

On en chie avec la sonde ! C’est l’exercice le plus compliqué. Quand on part pour une course à pied, on connaît la distance à parcourir, mais là ? Quel rythme, quelle foulée emprunter ? On n’en sait rien. Ce lundi, nous avons la pluie, le vent et la tempête. On dégouline. Nos mains glissent sur le manche de la pelle. Mais, vous savez quoi ? On a tous le sourire, enfin, le soir, tout au moins. Quand le soleil revient l’après-midi, de grands éclats de rire résonnent dans le marais de Brière.

Le vrai bonheur, c’est lorsqu’on frappe quelque chose qui stoppe la sonde. Alors, on travaille méthodiquement. Pas question de creuser pour rien. Trop dur ! Le meilleur moment (cela fait donc 2 😉), c’est quand on finit avec la pelle et la bêche et qu’on découvre le tronc. Ce lundi-là, il mesure 13 mètres de long. Chèvre, palan, toujours les mêmes manœuvres. D’habitude, une telle longueur, on la coupe. Mais là, on s’est lancé le défi de l’extraire en entier. « Vous n’y arriverez pas », nous crie Jean-Henri. Et bien si ! On l’a fait ! On l’a eu ! Pas Jean-Henri, le tronc…

Après, il faut attendre 2 ou 3 ans pour vraiment savoir ce qu’il a dans le cœur, ça c’est long, on trépigne. Le fer et la silice contenus dans la tourbe lui donnent sa couleur noire. Elle ne change pas, mais sa densité peut évoluer avec le séchage.

🔪🌳 En extraction, impossible d’avoir le moral à zéro. On s’entraide, on se motive et on continue.

Pierre : l’équipe et la matière, seules pour un retour aux sources

Ses yeux se perdent dans sa pensée.

Pierre
Pierre – Coutelier chez JHP

Ce lundi, je n’étais pas de la partie, mais j’en ai connu d’autres des journées d’extraction… C’est le moment que je préfère, une pause dans la vie du coutelier. On quitte la boutique, on se retrouve seul : l’équipe et la matière brute pour un retour aux sources. On fait face à l’étendue de terre, le milieu dans lequel le Morta s’est fossilisé. J’ai travaillé presque tous les bois, mais le Morta reste à part, rien à voir ! On le dit mort alors qu’il est encore vivant ! Il est beau et complexe à travailler. C’est la sélection qui rend la chose vivante. Façonner le bois est un geste noble, une quête du parfait. D’abord, on choisit les plaques, puis les morceaux. Les plus noirs et denses et les moins poreux. Le froid au toucher, l’odeur aussi renseignent sur l’humidité. Le poids et la couleur témoignent de la densité.

🔪🌳 Pour moi, après une journée d’extraction, je ressens de la gratitude, du respect et l’amour des règles de l’art.

Et comme souvent, ce sont ceux qui en parlent le moins qui en font le plus.

extraction Rio 4 1
Extraction du Morta – Rio participe comme toujours

Si vous voulez davantage de détails, on vous accueille avec plaisir autour d’un bon café dans notre atelier-boutique de Saint-André des Eaux.

Découvrez nos collections de couteaux, histoire de voir ce qu’on en a fait de ce fameux Morta, quand même !

Connaissez-vous nos couteaux Damas?

Pliants, fixes, de table, damas, forgé, avec ivoire de mammouth fossilisé… le couteau Morta Damas se décline à l’infini, il y en a pour tous les goûts.

Tout nos produits